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ACTUALITES SCIENTIFIQUES

DU

PATRIMOINE GLACIOLOGIQUE

 

Agence Reuters du 20 mars 2002

  " Londres (Reuters). La dislocation d'une énorme partie de la calotte glaciaire flottante sur les rivages de la péninsule antarctique qui s'est faite à une vitesse ahurissante de l'avis des scientifiques ravive le débat
sur le réchauffement climatique et ses effets sur l'environnement "

Le Monde du 22 mars 2002

"Un bloc de glace de 720 milliards de tonnes s'est détaché en un mois du glacier de Larsen
Ce record de vitesse a stupéfié les scientifiques. Il s'inscrit dans l'augmentation du nombre des icebergs géants à l'ouest de l'Antarctique, qui semble liée au réchauffement climatique"

Un article de Christiane Galus, rubrique Aujourd'hui sciences, p. 29.

EXTRAITS

  "Une plaque de glace de 3275 km² (un peu moins de la moitié de la Corse), épaisse de 200 mètres, s'est détachée, le 7 mars, de la calotte polaire connue sous le nom de Larsen, un glacier gigantesque à l'extrémité de la péninsule Antarctique. Le début de la rupture a été détecté par l'un des satellites d'observation de la Terre début février. Ensuite, la séparation totale avec la langue de glace continentale s'est effectuée en environ un mois. Depuis, elle s'est disloquée en plusieurs milliers d'icebergs plus petits qui dérivent dans la mer de Weddel.
  Les chercheurs du British Antarctic Survey, qui surveillent la plate-forme de Larsen depuis 1998 en raison d'une montée des températures qui accélère la naissance des icebergs géants, ont été stupéfaits de voir un bloc de " 720 milliards de tonnes de glace se désintégrer en moins d'un mois." Même réaction de la part des équipes du National Ice Center, qui observent l'évolution des icebergs dans la région pour des raisons militaires et civiles: "C'est l'événement le plus important de ces trente dernières années dans la péninsule, qui a pourtant déjà connu une série d'effondrements." Selon eux, cette accélération est liée au réchauffement notable de 2,5° C observé dans la région depuis cinquante ans et à un hiver très doux."
(...)
  "(...) Si les grandes plates-formes de glace de l'Antarctique venaient à fondre massivement sous l'effet de réchauffement climatique, le rythme des libérations d'icebergs s'accélèrerait. Ce qui aurait pour effet d'élever réellement le niveau des mers. Les experts du groupe international de réflexion sur l'évolution du climat (GIEC) estiment que, même si on stabilise le climat, le niveau des océans augmentera de toute façon de 50cm par siècle (Le Monde du 21 février 2001)."
 

 

  Commentaire de Robert Vivian

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES ICEBERGS TABULAIRES DE L'ANTARCTIQUE

  Le problème posé par le détachement d'un morceau de glace grand comme un département français ne peut pas être considéré - a priori - comme la preuve du supposé réchauffement global de la planète terre. Ce phénomène est un phénomène bien connu des glaciologues et rélève d'une certaine normalité des choses.

  Définition : les icebergs tabulaires et les ice-shelves dont ils sont issus peuvent être définis comme des cas particuliers de banquises (glace de mer = gel de l'eau de mer) qui ont servi de support à la formation de véritables glaciers plats constitués de "glace de neige" (= métamorphose de la neige).

 

Icebergs tabulaires et gigantisme

Les icebergs tabulaires issus des ice-shelves de l'Antarctique sont :
  - nombreux ;
  - grands (plus de quelques milliers de km2 en moyenne pour les plus vastes) ;
  - épais ( de 100 à 200 mètres) ;
  - volumineux : en 1973, le russe K.S. Losev se référant à l'année 1955 estimait à près de 5000 km3 le volume de glace représenté par les icebergs de l'Antarctique.

  En 1893 (époque non suspecte de réchauffement global !), avait été signalé un iceberg tabulaire "aussi grand que la Corse *" (André Guilcher, 1965).

                                          * la Corse = 8680 km².

Icebergs tabulaires et dérives lointaines

  Les shelves desquels se détachent les icebergs tabulaires sont naturellement localisés sur les côtes de l'inlandsis. En Antarctique les principaux shelves sont : le shelf de Ross (la grande barrière de Ross fait 900 km de longueur), le shelf de Filchner, le shelf de Larsen, le shelf de Shackleton. Du fait de leur taille et de l'environnement climatique froid qui est le leur, ces icebergs tabulaires peuvent aller, dans leur dérive, très loin vers le Nord. Dans l'Atlantique on en a trouvé jusqu'à la latitude du Rio de la Plata (35 °S) ; on en a même vu un petit résidu par 26°30, c'est-à-dire à la latitude de Santos. Dans le Pacifique par contre, ils ne dépassent guère 50 °S.

Icebergs tabulaires et " iles flottantes " : des réponses aux besoins des hommes ?

  Les icebergs tabulaires de l'Antarctique sont bien plus grands que ceux du Groënland (mieux connus sous le nom "d'iles flottantes"). Elles sont réputées quant à elles pour avoir servi - quelques unes d'entre elles - de bases militaires flottantes par les Soviétiques lors de la Deuxième Guerre
mondiale (cf. expédition Papanine en 1937-38).
C'est en raison de leur gigantisme que les icebergs tabulaires de l'Antarctique ont été étudiés en 1973 par les glaciologues américains Weeks et Campbell dans leur étude (pionnière) sur le thème : étude de la rentabilité du transport des icebergs tabulaires antarctiques pour alimenter en eau douce les régions chaudes et désertiques de l'hémisphère Nord.

  La fusion de l'Antarctique peut-elle provoquer une élévation du niveau marin ? La réponse est oui car l'Antarctique repose essentiellementé sur un socle continental. Sa fusion est alors un apport net à l'océan (sans contre-partie dynamique). Par contre, à l'autre versant de la question : la fusion de l'iceberg tabulaire (détaché du shelf Larsen), maintenant qu'il flotte, risque-t'elle de provoquer une variation positive du niveau des mers ? La réponse est naturellement non car l'apport en eau ne fera que remplacer le volume occupé auparavant sous le niveau de l'eau par la partie immergée de l'iceberg.

Conclusion

L'observation et l'événement sont intéressants et méritent d'être suivis dans le temps. Un iceberg tabulaire, fût-il parmi les plus grands observés jusqu'ici, ne peut justifier à lui seul un quelconque changement climatique, qui plus est, consécutif aux seules activités humaines ! Il n'y a pas lieu d'affoler les populations par trop d'enthousiasme et de catastrophisme primaires ! Simplement rester vigilant, informer et s'informer.

  Robert Vivian (21/03/2002)

 

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