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" Londres (Reuters). La dislocation
d'une énorme partie de la calotte glaciaire flottante sur
les rivages de la péninsule antarctique qui s'est faite
à une vitesse ahurissante de l'avis des scientifiques ravive
le débat
sur le réchauffement climatique et ses effets sur l'environnement
"
"Une plaque de glace de
3275 km² (un peu moins de la moitié de la Corse),
épaisse de 200 mètres, s'est détachée,
le 7 mars, de la calotte polaire connue sous le nom de Larsen,
un glacier gigantesque à l'extrémité de la
péninsule Antarctique. Le début de la rupture a
été détecté par l'un des satellites
d'observation de la Terre début février. Ensuite,
la séparation totale avec la langue de glace continentale
s'est effectuée en environ un mois. Depuis, elle s'est
disloquée en plusieurs milliers d'icebergs plus petits
qui dérivent dans la mer de Weddel.
Les chercheurs du British Antarctic Survey, qui surveillent
la plate-forme de Larsen depuis 1998 en raison d'une montée
des températures qui accélère la naissance
des icebergs géants, ont été stupéfaits
de voir un bloc de " 720 milliards de tonnes de glace
se désintégrer en moins d'un mois." Même
réaction de la part des équipes du National Ice
Center, qui observent l'évolution des icebergs dans la
région pour des raisons militaires et civiles: "C'est
l'événement le plus important de ces trente dernières
années dans la péninsule, qui a pourtant déjà
connu une série d'effondrements." Selon eux, cette
accélération est liée au réchauffement
notable de 2,5° C observé dans la région depuis
cinquante ans et à un hiver très doux."
(...)
"(...) Si les grandes plates-formes de glace de l'Antarctique
venaient à fondre massivement sous l'effet de réchauffement
climatique, le rythme des libérations d'icebergs s'accélèrerait.
Ce qui aurait pour effet d'élever réellement le
niveau des mers. Les experts du groupe international de réflexion
sur l'évolution du climat (GIEC) estiment que, même
si on stabilise le climat, le niveau des océans augmentera
de toute façon de 50cm par siècle (Le Monde
du 21 février 2001)."
Le problème posé par le détachement d'un morceau de glace grand comme un département français ne peut pas être considéré - a priori - comme la preuve du supposé réchauffement global de la planète terre. Ce phénomène est un phénomène bien connu des glaciologues et rélève d'une certaine normalité des choses.
Définition : les icebergs tabulaires et les ice-shelves dont ils sont issus peuvent être définis comme des cas particuliers de banquises (glace de mer = gel de l'eau de mer) qui ont servi de support à la formation de véritables glaciers plats constitués de "glace de neige" (= métamorphose de la neige).
Les icebergs tabulaires issus des ice-shelves
de l'Antarctique sont :
- nombreux ;
- grands (plus de quelques milliers de km2 en moyenne pour
les plus vastes) ;
- épais ( de 100 à 200 mètres) ;
- volumineux : en 1973, le russe K.S. Losev se référant
à l'année 1955 estimait à près de
5000 km3 le volume de glace représenté par les icebergs
de l'Antarctique.
En 1893 (époque non suspecte de réchauffement global !), avait été signalé un iceberg tabulaire "aussi grand que la Corse *" (André Guilcher, 1965).
* la Corse = 8680 km².
Les shelves desquels se détachent
les icebergs tabulaires sont naturellement localisés sur
les côtes de l'inlandsis. En Antarctique les principaux
shelves sont : le shelf de Ross (la grande barrière de
Ross fait 900 km de longueur), le shelf de Filchner, le shelf
de Larsen, le shelf de Shackleton. Du fait de leur taille et de
l'environnement climatique froid qui est le leur, ces icebergs
tabulaires peuvent aller, dans leur dérive, très
loin vers le Nord. Dans l'Atlantique on en a trouvé jusqu'à
la latitude du Rio de la Plata (35 °S) ; on en a même
vu un petit résidu par 26°30, c'est-à-dire à
la latitude de Santos. Dans le Pacifique par contre, ils ne dépassent
guère 50 °S.
Les icebergs tabulaires de l'Antarctique
sont bien plus grands que ceux du Groënland (mieux connus
sous le nom "d'iles flottantes"). Elles sont réputées
quant à elles pour avoir servi - quelques unes d'entre
elles - de bases militaires flottantes par les Soviétiques
lors de la Deuxième Guerre
mondiale (cf. expédition Papanine en 1937-38).
C'est en raison de leur gigantisme que les icebergs tabulaires
de l'Antarctique ont été étudiés en
1973 par les glaciologues américains Weeks et Campbell
dans leur étude (pionnière) sur le thème
: étude de la rentabilité du transport des icebergs
tabulaires antarctiques pour alimenter en eau douce les régions
chaudes et désertiques de l'hémisphère Nord.
La fusion de l'Antarctique peut-elle provoquer une élévation du niveau marin ? La réponse est oui car l'Antarctique repose essentiellementé sur un socle continental. Sa fusion est alors un apport net à l'océan (sans contre-partie dynamique). Par contre, à l'autre versant de la question : la fusion de l'iceberg tabulaire (détaché du shelf Larsen), maintenant qu'il flotte, risque-t'elle de provoquer une variation positive du niveau des mers ? La réponse est naturellement non car l'apport en eau ne fera que remplacer le volume occupé auparavant sous le niveau de l'eau par la partie immergée de l'iceberg.
L'observation et l'événement sont intéressants et méritent d'être suivis dans le temps. Un iceberg tabulaire, fût-il parmi les plus grands observés jusqu'ici, ne peut justifier à lui seul un quelconque changement climatique, qui plus est, consécutif aux seules activités humaines ! Il n'y a pas lieu d'affoler les populations par trop d'enthousiasme et de catastrophisme primaires ! Simplement rester vigilant, informer et s'informer.
Robert Vivian (21/03/2002)
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