Accueil VIRTEDIT

Accueil du Glacioweb de Robert Vivian

Envoyer un message à l'éditeur
Message à l'éditeur

< Retour menu Textes

Index des noms propres >

6/6

GLACIERS ET CLIMATS :

"NE FAISONS PAS DIRE AUX GLACIERS
CE QU'ILS NE DISENT PAS !"

par

Robert VIVIAN

Professeur des Universités, Glaciologue

 

  > 6 - La part du réchauffement provoqué par les industries humaines est tout à fait insuffisante pour expliquer, seule, les variations glaciaires. Elle n'en est pas la cause première !

 

  6-a. Un constat : Nous sommes loin des changements globaux et de l'effet de serre ! Ne faisons plus dire aux glaciers ce qu'ils ne disent pas : les glaciers ne peuvent en aucun cas être utilisés comme caution d'un "réchauffement global" d'origine anthropique, même s'ils en subissent partiellement les conséquences.

  Notre globe terrestre est une mosaïque qui évolue dans le temps. Si l'on peut admettre qu'il est tentant de voir les reculs comme des conséquences de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, que dire de ces avancées glaciaires perceptibles en cette fin de siècle et de millénaire ? Les effets enregistrés sur le terrain ne sont visiblement plus liés à la cause invoquée. Comme le constatait récemment L. Reynaud (Laboratoire de Glaciologie de Grenoble) "le réchauffement d'origine anthropique est manifestement masqué par les fluctuations climatiques".
  Nos affirmations et nos propres conclusions ci-dessus vont dans le même sens.

Haut de la page

  Non, les glaciers ne sont pas en train de disparaître. Ils vivent leur vie. Si la variation climatique est positive tandis que des glaciers avancent, c'est que le lien "climat-glacier" n'est pas aussi systématique que l'on a bien voulu le dire jusqu'ici. "Réchauffement global" n'est pas synonyme de fluctuation glaciaire négative - disparition des glaciers ; au contraire dans certaines zones du monde (les zones froides) il peut suractiver (voir supra) les chutes de neige et favoriser l'engraissement du glacier.

  Alors, essayons de faire nôtre cette idée : si une crue glaciaire longue et fortement marquée arrive, il conviendra de conserver dans nos discours, une même prudence : la théorie "de la boule de neige" (la terre complètement prise par les glaces) est et restera une utopie ! Depuis 4 milliards d'années, la glaciation est permanente sur terre (les plus vieilles traces de glaciations remontent à l'Archéen, à 3,7 milliards d'années ; elles ont été découvertes en Afrique du Sud). Depuis cette époque, des régions autrefois en position polaire et englacées sont devenues désertiques (Afrique du Nord-Ouest) et inversement (Antarctique autrefois complètement déglacé). C'est que d'autres facteurs sont intervenus tels les déplacements des plaques continentales, qui n'ont pas prise sur la vision historique proposée ici, mais sur l'autre échelle de temps, plus difficile encore à appréhender : l'échelle géologique.

  6-b. A propos de la théorie de Svensmark et d'une nouvelle explication des fluctuations climatiques... et glaciaires

  La "théorie de Svensmark" est à la "théorie de Milankovitch" (influence de la périodicité des tâches solaires) ce qu'a été - il y a une trentaine d'années - la "théorie des plaques" pour la "théorie de la dérive des continents, de Wegener" : une reprise théorique intégrant les nouvelles données recueillies grâce aux technologies de la fin du XXe siècle.

  Elle bouleversera peut-être notre perception de la fluctuation climatique. Donnons quelques précisions sur ce qu'est cette théorie de Svensmark. Elle repose à la fois sur l'activité solaire (le vent solaire qui en résulte), le rayonnement cosmique atteignant la terre et sur l'existence de la couverture nuageuse entourant (ou pas) le globe terrestre.

Haut de la page

  Le soleil protège la terre du rayonnement cosmique par le biais du vent solaire, lui-même dépendant de l'activité de l'astre solaire. Si le vent solaire souffle plus faiblement, davantage de rayonnement cosmique pourra sillonner notre atmosphère et favoriser par ionisation des molécules athmosphériques, la croissance des gouttes d'eau constitutrices des nuages. Et vice-versa.
  Les nuages qui se forment "bas" dans le ciel sont relativement chauds et constitués de fines gouttelettes d'eau ayant pour effet de refroidir la planète par réflection de la lumière solaire dans l'espace. Les "hauts" nuages au contraire, sont plus froids car constitués de particules de glace et ont la possibilité de réchauffer la terre en piégeant la chaleur.
  En étudiant les données satellitaires depuis 1980, H. Svensmark et N.D. Marsh ont trouvé qu'en fait, seuls les nuages les plus bas (moins de 3,2 km au dessus de la surface de la terre) semblent être affectés par les montées ou les chutes dans l'intensité du rayonnement cosmique. Ils stipulent que les effets du vent solaire se sont accrus au cours du dernier siècle augmentant du même coup la protection contre la pénétration du rayonnement cosmique d'origine galactique, réduisant la formation des nuages de basse altitude (ceux-là mêmes ayant un effet refroissant de l'atmosphère), justifiant ainsi le réchauffement global enregistré au cours du XXe siècle.

Svensmark H.
in Physical Review Letters 81, 5027-5030 (1998)
Marsh N.D. et Svensmark H.
in Physical Review Letters, 85 5004-5007 (2000).

  Doit-on tout attendre de cette nouvelle théorie ? Si nous nous fions à l'expérience du passé (près d'une trentaine de théories ont été successivement répertoriées), il vaut mieux ne pas trop se faire d'illusions... et la réponse doit être prudente. La durée des observations n'est pas encore suffisante pour que l'interprétation soit incontestable, même si l'impression du glaciologue est très favorable, au vu et au su des expériences cumulées par la "science glaciaire" depuis le milieu du XIXe siècle.

  Il ne faut pas s'alarmer... ni alarmer. La vie des glaciers est cyclique avant tout. Les glaciers du Mont-Blanc, comme ailleurs, en ont vu d'autres ! L'avenir est plein d'imprévus : le climat ne se résume pas à la seule influence du soleil ; ce peuvent être aussi , à terme rapproché, de nouvelles configurations des courants marins et, aux échelles géologiques, de nouveaux positionnements des continents les uns par rapport aux autres, et les uns et les autres par rapport aux zones froides des régions polaires.
  Tout est imaginable. Alors, pourquoi pas une reconquête par les glaciers du Mont-Blanc de l'espace des glacières du Faucigny ? Avouons-le, puisque nous ne sommes sûrs de rien, l'hypothèse devrait trouver ses fans et ses thuriféraires !

Robert VIVIAN
le 19 mars 2001

(c) 2001 Robert VIVIAN - www.virtedit.org

Haut de la page

< Page précédente
< Accueil de l'article

 

< Retour menu Textes

Index des noms propres >

Accueil du Glacioweb de Robert Vivian

Envoyer un message à l'éditeur
Message à l'éditeur

Accueil VIRTEDIT