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> 6 - La part du réchauffement provoqué par les industries humaines est tout à fait insuffisante pour expliquer, seule, les variations glaciaires. Elle n'en est pas la cause première !
6-a. Un constat : Nous sommes loin des changements globaux et de l'effet de serre ! Ne faisons plus dire aux glaciers ce qu'ils ne disent pas : les glaciers ne peuvent en aucun cas être utilisés comme caution d'un "réchauffement global" d'origine anthropique, même s'ils en subissent partiellement les conséquences.
Notre globe terrestre est une mosaïque
qui évolue dans le temps. Si l'on peut admettre qu'il est
tentant de voir les reculs comme des conséquences de l'augmentation
des émissions de gaz à effet de serre, que dire
de ces avancées glaciaires perceptibles en cette fin de
siècle et de millénaire ? Les effets enregistrés
sur le terrain ne sont visiblement plus liés à la
cause invoquée. Comme le constatait récemment L.
Reynaud (Laboratoire de Glaciologie de Grenoble) "le réchauffement
d'origine anthropique est manifestement masqué par les
fluctuations climatiques".
Nos affirmations et nos propres conclusions ci-dessus vont
dans le même sens.
Non, les glaciers ne sont pas en train de disparaître. Ils vivent leur vie. Si la variation climatique est positive tandis que des glaciers avancent, c'est que le lien "climat-glacier" n'est pas aussi systématique que l'on a bien voulu le dire jusqu'ici. "Réchauffement global" n'est pas synonyme de fluctuation glaciaire négative - disparition des glaciers ; au contraire dans certaines zones du monde (les zones froides) il peut suractiver (voir supra) les chutes de neige et favoriser l'engraissement du glacier.
Alors, essayons de faire nôtre cette idée : si une crue glaciaire longue et fortement marquée arrive, il conviendra de conserver dans nos discours, une même prudence : la théorie "de la boule de neige" (la terre complètement prise par les glaces) est et restera une utopie ! Depuis 4 milliards d'années, la glaciation est permanente sur terre (les plus vieilles traces de glaciations remontent à l'Archéen, à 3,7 milliards d'années ; elles ont été découvertes en Afrique du Sud). Depuis cette époque, des régions autrefois en position polaire et englacées sont devenues désertiques (Afrique du Nord-Ouest) et inversement (Antarctique autrefois complètement déglacé). C'est que d'autres facteurs sont intervenus tels les déplacements des plaques continentales, qui n'ont pas prise sur la vision historique proposée ici, mais sur l'autre échelle de temps, plus difficile encore à appréhender : l'échelle géologique.
6-b.
A propos de la théorie de Svensmark et d'une nouvelle explication
des fluctuations climatiques... et glaciaires
La "théorie de Svensmark" est à
la "théorie de Milankovitch" (influence de la
périodicité des tâches solaires) ce qu'a été
- il y a une trentaine d'années - la "théorie
des plaques" pour la "théorie de la dérive
des continents, de Wegener" : une reprise théorique
intégrant les nouvelles données recueillies grâce
aux technologies de la fin du XXe siècle.
Elle bouleversera peut-être notre perception de la fluctuation climatique. Donnons quelques précisions sur ce qu'est cette théorie de Svensmark. Elle repose à la fois sur l'activité solaire (le vent solaire qui en résulte), le rayonnement cosmique atteignant la terre et sur l'existence de la couverture nuageuse entourant (ou pas) le globe terrestre.
Le soleil
protège la terre du rayonnement cosmique par le biais du
vent solaire, lui-même dépendant de l'activité
de l'astre solaire. Si le vent solaire souffle plus faiblement,
davantage de rayonnement cosmique pourra sillonner notre atmosphère
et favoriser par ionisation des molécules athmosphériques,
la croissance des gouttes d'eau constitutrices des nuages. Et
vice-versa.
Les nuages qui se forment "bas" dans le ciel
sont relativement chauds et constitués de fines gouttelettes
d'eau ayant pour effet de refroidir la planète par réflection
de la lumière solaire dans l'espace. Les "hauts"
nuages au contraire, sont plus froids car constitués de
particules de glace et ont la possibilité de réchauffer
la terre en piégeant la chaleur.
En étudiant les données satellitaires depuis
1980, H. Svensmark et N.D. Marsh ont trouvé qu'en fait,
seuls les nuages les plus bas (moins de 3,2 km au dessus de la
surface de la terre) semblent être affectés par les
montées ou les chutes dans l'intensité du rayonnement
cosmique. Ils stipulent que les effets du vent solaire se sont
accrus au cours du dernier siècle augmentant du même
coup la protection contre la pénétration du rayonnement
cosmique d'origine galactique, réduisant la formation des
nuages de basse altitude (ceux-là mêmes ayant un
effet refroissant de l'atmosphère), justifiant ainsi le
réchauffement global enregistré au cours du XXe
siècle.
Svensmark H.
in Physical Review Letters 81, 5027-5030 (1998)
Marsh N.D. et Svensmark H.
in Physical Review Letters, 85 5004-5007 (2000).
Doit-on tout attendre de cette nouvelle théorie ? Si nous nous fions à l'expérience du passé (près d'une trentaine de théories ont été successivement répertoriées), il vaut mieux ne pas trop se faire d'illusions... et la réponse doit être prudente. La durée des observations n'est pas encore suffisante pour que l'interprétation soit incontestable, même si l'impression du glaciologue est très favorable, au vu et au su des expériences cumulées par la "science glaciaire" depuis le milieu du XIXe siècle.
Il ne faut pas s'alarmer... ni alarmer.
La vie des glaciers est cyclique avant tout. Les glaciers du Mont-Blanc,
comme ailleurs, en ont vu d'autres ! L'avenir est plein d'imprévus
: le climat ne se résume pas à la seule influence
du soleil ; ce peuvent être aussi , à terme rapproché,
de nouvelles configurations des courants marins et, aux échelles
géologiques, de nouveaux positionnements des continents
les uns par rapport aux autres, et les uns et les autres par rapport
aux zones froides des régions polaires.
Tout est imaginable. Alors, pourquoi pas une reconquête
par les glaciers du Mont-Blanc de l'espace des glacières
du Faucigny ? Avouons-le, puisque nous ne sommes sûrs de
rien, l'hypothèse devrait trouver ses fans et ses thuriféraires
!
Robert VIVIAN
le 19 mars 2001
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