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> 5 - Alors pourquoi ce discours, convenu et simpliste à la fois, sur une supposée "débâcle" actuelle ou prochaine des glaciers alpins ?
- Une évidence
glaciologique
Au cours du XXe
siècle, le recul de 1925 à
1965 (même si depuis 1965, les choses ont bien changé,
on vient de le voir...) a marqué les esprits.
La fusion n'ayant touché essentiellement que les
langues et les fronts, ce recul des fronts, très photographié,
avait de quoi frapper les opinions (photo prise en 1900 - photo
prise en 2000 : la différence est sans appel) ; mais on
ne doit pas vivre sur des souvenirs !
La réalité est que
les reculs importants ont surtout affecté les petits
glaciers, et tout particulièrement ceux exposés
au Sud (exemple du glacier de Sarennes dans le massif des Grandes
Rousses, étudié depuis 52 ans par les Services des
Eaux et Forêts, puis ceux du Cemagref ; cf F. Valla et F.
Guirado, SHF 2001).
Les grands glaciers alpins eux-mêmes, après
leur crue (à plus de 60% de leur effectif) de 1920, ont
aussi reculé pendant un demi-siècle. Mais pour ces
glaciers, moyens et grands, les
reculs, même spectaculaires pour
des personnes peu averties, n'ont
représenté que peu de chose par rapport à
leur masse totale : à la Mer de Glace
par exemple, en un siècle, la disparition du glacier des
Bois (la langue débouchant dans la vallée de Chamonix)
et l'abaissement des profils transversaux correspond à
une perte de glace qui
n'est que de l'ordre de 7 à 8 % de la masse globale du
glacier. Elle est un peu plus forte (10%)
pour le glacier du Rhône (Haut Valais). D'une manière
générale, les glaciers ont encore des réserves
!
Il n'y a donc pas lieu de s'affoler (quand bien même
de petits glaciers disparaîtraient encore de nos jours)
! Chamonix, que certains voient désertée prochainement
par ses glaciers a, sur les moyen et long termes, autant de chance
- si ce n'est plus - de subir les effets destructeurs de prochaines
crues glaciaires !
- L'éternel
problème des experts
Qui ne s'est jamais interrogé sur les querelles
d'experts (ce sont tous de bons scientifiques pourtant) lors des
procès juridiques. Dans le domaine scientifique traditionnel,
c'est exactement la même chose : il faut savoir qu'il y
a les mêmes oppositions visibles ou invisibles ; non pas
tellement sur la réalité des choses (ex. des gaz
à effet de serre, tout le monde est d'accord), mais sur
leur exploitation. Exemple : Les variations de CO2, l'effet de
serre, les industries humaines, seuls compteraient
Ce disant,
c'est oublier que les hommes ne sont pas grand chose au regard
des vicissitudes de la planète-terre dans l'univers.
- Une constatation : un environnement intellectuel favorable
Dans le jugement porté sur l'évolution des glaciers, il y a, en fait, quelque chose de passionnel qui a un rapport avec l'imaginaire et qu'expliquent relativement bien les enquêtes d'opinion sur le rapport du public à la science.
- 90 % des Français estiment
(Le Monde du 30 novembre 2000 ; enquête Sofres pour
le Ministère de la recherche) que la recherche est une
priorité nationale.
- 88 % des Français font confiance à la science
et au progrès technique (Sofres échantillon sur
1500 Français pour L'Usine nouvelle). Plébiscite
qui touche toutes les catégories sociales (les cadres supérieurs
sont les plus enthousiastes) cf article du Monde du vendredi
2 mars 2001. Mais une "confiance enthousiaste", n'est-ce
pas déjà un début d'aveuglement ?
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