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> 3 - On
nous dit que les glaciers, à cause du "réchauffement
global", sont en recul catastrophique. Non. C'est faux.
Voici quelques arguments pour prouver que la deuxième
moitié du XXe siècle a été marquée
plutôt par une stabilisation et une avancée des glaciers...
que par un recul.
3-1 Nous prenons à dessein nos exemples dans les
Alpes car les glaciers alpins sont souvent ceux que l'on utilise
dans la presse de l'Europe occidentale pour évoquer cette
"disparition annoncée" des glaciers. C'est à
leur propos qu'a été publiée la thèse
de certains glaciologues pessimistes (ou optimistes, c'est selon
!) affirmant - à partir de modèles utilisant les
bilans glaciaires - que les glaciers alpins dans leur globalité
avaient perdu plus de 50 % de leur surface en un siècle...
et que le prochain siècle pourrait leur être fatal
!
Affirmations plutôt pessimistes on en conviendra,
et "modèles" dont on commence à douter
de la pertinence : ne dit-on pas déjà que les scénarios
envisagés ont été surestimés d'un
facteur 2 (C. Vincent - SHF 2001) !
Dans la deuxième partie du XXe siècle, les glaciers ont subi, pour beaucoup d'entre eux, des avancées sensibles (1970 -1995) limitant les effets de décrue, et ce sont les glaciers les plus grands et dont les bassins d'alimentation se trouvent à des altitudes élevées, qui ont la plus grande capacité de résistance à l'ablation.
Une évidence : les petits glaciers (les glaciérets), ou encore ceux que l'on définit comme "résiduels", généralement situés aux marges des zones de glaciation, ceux qui sont les moins élevés en altitude, qui sont exposés au Sud, ou qui ont des vitesses annuelles inférieures à 10-20 mètres par an etc., sont naturellement cruellement affectés par la moindre variation positive des températures estivales. Leurs pertes sont considérables, elles peuvent atteindre pour le siècle dernier près de 60% ; on peut même programmer la disparition pure et simple de certains d'entre eux. Mais relativisons les choses. Sachons que dans l'ensemble des Alpes occidentales, les glaciers dont la surface est inférieure à 10 hectares ne représentent que 2,5 % (epsilon en terme de volume !) du millier de glaciers qui y ont été répertoriés (R. Vivian 1974).
3-2 Dans les Alpes donc, mais dans les autres régions
du monde aussi, où les signes actuels d'avancées
glaciaires sont pareillement enregistrés :
- en Scandinavie (Norvège, Spitsberg) : bilans positifs
et avancée de fronts glaciaires ;
- dans le Karakoram : crues d'un certain nombre de glaciers
entre 1994 et 1996 (K. Hewitt, 1998) ;
- en Alaska (Bagley Icefield System) : autres avancées
enregistrées en 1996 ;
- au Groënland : les études de la NASA montrent
que, s'il y a bien des phénomènes de fusion et des
reculs des masses glaciaires en bordure de la mer, ils sont largement
compensés par des accumulations dans la partie centrale
et haute du centre du Groënland (c'est l'humidité
générée par la fusion des langues glaciaires
qui alimente ces surcharges neigeuses puis glaciaires du centre
de l'île-continent) ;
- en Antarctique : de pareils phénomènes
existent, les élévations de la température
dans ces secteurs très froids se révélant
favorables à une augmentation des précipitations
neigeuses donc à terme, à une augmentation des volumes
de glace ;
- dans les Hielos Patagonicos des Sud Chili et Argentine.
Dans les régions inter-tropicales au contraire (Equateur, Pérou, Bolivie) les petits glaciers qui ne doivent leur existence qu'à de fortes altitudes - données le plus souvent par des volcans -, reculent et semblent fortement affectés par les effets Niño-Niña. Le glacier Antizama marque pourtant une crue sensible depuis deux ans (B. Francou, SHF 2001).
3-3. Quelle est donc la réalité alpine ? Regardons de plus près quelques documents.
a - Les fluctuations des glaciers du versant Nord du Mont-Blanc (document L.Reynaud ; Glaciologie CNRS)
- Si l'on s'intéresse à l'ensemble de la période 1870-2000, on constate pour tous les glaciers un certain nombre d'analogies de comportement : crues de 1890 et de 1920 ; très sérieux recul dans les années 50 et 60 ; crue pour les années 70 et 80 jusqu'en 90 ; décrue de 90-92 à 99 et depuis 3 ans : reprise de la crue pour le glacier des Bossons. Dans l'ensemble, les reculs ont été en moyenne, pour chaque glacier étudié, de l'ordre de 700 mètres. Dans la totalité des Alpes occidentales, le pourcentage de perte en surface, en un peu plus d'un siècle, se situe entre 30 et 35% (545 km2 contre 830 km2).
- Pour la seule deuxième
moitié du siècle, les fluctuations peuvent être
qualifiée - au contraire - de stationnaires, en crue (1980)
ou en très léger recul... inférieures à
100 mètres (surtout après 1990). Depuis 1998, on
note une reprise sur le front des Bossons, glacier dont les comportements
sont toujours la sonnette d'alarme de changements climatiques
dans le massif du Mont-Blanc. Sera-ce la même chose sur
les autres glaciers ? Attendre et voir !
L'étude des profils transversaux est
pareillement édifiante.
Cette appréciation corrobore les résultats enregistrés sur quelques glaciers suisses du Val d'Hérens (document de L. Hulot in A. Bezinge, RGA n°4, t.88, 2000) où l'on voit très nettement que les glaciers, depuis les années 60, ont subi un coup d'arrêt non négligeable dans leur régime de décrue assurant aux glaciers un régime de stabilité positive, voire de nette avancée (exception pour le glacier Roseg).
b - La crue de 1980 enregistrée sur le front du glacier d'Argentière (photos R. Vivian)
Spectaculaire crue des années
80 sur la langue d'Argentière ! Le glacier avance au niveau
du front mais surtout gonfle à l'aval de la chute de séracs
de Lognan jusqu'à menacer l'existence d'un pylone de téléphérique.
Ici sont présentées trois vues prises au même
lieu.
- en 1971 le glacier est encore loin de la base du pylone (à
noter la roche polie par un passage antérieur du glacier)
;
- en 1975 le glacier est arrivé au pied du pylone (bourrelet
morainique de poussée qui a recouvert la zone de roche
polie) ;
- en 1981 le glacier est ici épais d'une vingtaine de
mètres (seule dépasse le haut du pylone). La circulation
du téléphérique est perturbée. Des
travaux de dégagement de la glace sont nécessaires
pour le passage de la cabine du téléphérique.
c - La crue sur le versant sud
du massif du Mont-Blanc (documents A. Cerutti et P. Fusinaz)
- Glacier de la Lex Blanche:
. de 1954 à 1970
avancée de +600 mètres
. de 1961 à 1989
avancée de +740 mètres
- Glacier de la Brenva :
. de 1954 à 1992
avancée de +490 mètres
- Glacier de Toules :
. de 1963 à 1990
avancée de +200 mètres
- Glacier de Pré-de Bar :
. de 1963 à 1989
avancée de +240 mètres
. de 1989 à 1999
recul de -120 mètres.
Ce dernier exemple, dans son développement le plus
récent (-120 mètres) confirme le caractère
cyclique des fluctuations glaciaires. La façade sud du
Mont-Blanc, qui a été essentiellement affectée
dans la deuxième partie du XXe siècle par des phases
d'avancées, a entrepris depuis le début des années
90 une phase de recul... en attendant la prochaine récurrence
!
Alors, peut-on vraiment évoquer à la lumière de ce triple constat, les effets d'un réchauffement global, d'origine anthropique, comme cause de la variation glaciaire enregistrée au cours de la deuxième partie du XXe siècle !? À l'évidence, la réponse est NON.
Tout prouve qu'au contraire, le fort recul des années 1920-1960 est le plus souvent enrayé et que demain, contre toute attente, nous pourrions bien continuer à enregistrer, au contraire de ce qui nous a été dit, des fluctuations glaciaires positives.
Pendant cette deuxième moitié du XXe siècle, on ne note aucun comportement anormal de glaciers qui contrasterait avec ce qui a été vécu dans les siècles précédents : certains glaciers reculent à côté d'autres qui avancent, dans un autre secteur du massif, dans une autre partie de la chaîne, dans une autre partie du globe, etc. C'est la raison pour laquelle, depuis le début du XXe siècle, les glaciologues ont pris pour principe de refuser l'idée de "fluctuations périodiques" et que, peu à peu, on s'est rendu compte qu'à cause d'autres facteurs (topographiques, géologiques, morphologiques...), les glaciers doivent être considérés comme des indicateurs imparfaits du climat, quand bien même leurs variations ont un rapport évident avec les influences climatiques. Par ailleurs, pour être légitimés, les résultats des fluctuations glaciaires d'un groupe glaciaire doivent se ventiler et s'exprimer en valeur relative (X% reculent, X% avancent, X% sont stationnaires...).
En première approximation
l'évolution du glacier dépend des précipitations
hivernales et des températures estivales. Mais si nous
entrons dans le détail, nous pouvons voir que la variation
glaciaire n'est nullement dépendante d'une moyenne des
températures ou des précipitations mais de leur
répartition dans le temps (distribution selon les mois
de l'année) et dans l'espace (rôle des données
hypsométriques du glacier).
Les données utilisées doivent être
beaucoup plus fines que des moyennes annuelles : à l'échelle
de la saison, du trimestre, du mois, du jour. En 1957, au glacier
de Saint-Sorlin (massif des Grandes Rousses), Ch. P. Péguy
avait constaté par la mesure, qu'une chute de 10 cm de
neige en une journée du mois d'août avait retardé
d'un mois la saison d'ablation !
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