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> 4 - On
nous dit que les glaciers, toujours pour les mêmes raisons,
vont disparaître. Non, c'est faux.
Les arguments existent pour prouver que les glaciers, dans
le passé, ont enregistré des reculs beaucoup plus
importants qu'aujourd'hui et que cela n'a pas signifié
pour autant "disparition" de la glaciation.
Les glaciers comme les climats, de
façon plus ou moins synchrone pour les raisons que l'on
vient d'évoquer, sont l'objet de fluctuations saisonnières,
inter-annuelles, séculaires, millénaires. Si l'on
peut, à l'aune de la longévité humaine, avoir
une vision assez claire des premières, celles qui dépassent
une génération (environ 30 ans) sont beaucoup plus
difficilement perceptibles.
Les observateurs de terrain peuvent avoir une tendance naturelle
à juger l'évolution géologique et glaciologique
en fonction de leurs propres observations. Mais on le sait, celles-ci
n'auront pas d'autre valeur qu'indicative d'un état instantané
du glacier si elles-mêmes ne s'intégrent pas dans
un continuum de contrôles réguliers s'effectuant
dans la durée.
En 2000, c'est pour certains "la
fin des glaciers"; en 1982 après 10 ans de crue glaciaire,
la question était : "Allons nous vers une nouvelle
glaciation?" (Les Dernières Nouvelles du lundi
13-12- 1982). S'en souvient-on ?
D'où l'importance de cette vision à long
terme que seule peut fournir la continuité inter-générationnelle
des observations scientifiques (cela est fait dans les Alpes de
façon anecdotique depuis le début du XVIe siècle
et de façon scientifique depuis la fin du XIXe).
* En 1974, les travaux du chercheur suisse Friedrich
Rothlisberger sur les cols et passages alpins et autres vestiges
archéologiques de terrain, mais aussi sur les troncs fossiles
retrouvés dans les moraines, ont mis en évidence
l'existence de périodes passées où les glaciers
étaient très en recul par rapport à aujourd'hui.
Ainsi a-t-il montré que si, à la période
romaine (Ier-Ve siècle), les glaciers de Zermatt avaient
leur extension de 1920, au Moyen Age (vers 1400), les langues
des glaciers de Ferpècle et de Z'mutt se trouvaient à
1,5 kilomètres en retrait par rapport à la position
de 1974.
Par ailleurs, on a repéré
la croissance d'arbres et d'espèces ligneuses à
des altitudes, en des lieux et en des temps (pendant "l'holocène")
où aujourd'hui, on ne rencontre que glace et rocher (cf.
travaux de Bezinge [1974] et Vivian [1974]). A. Bezinge (2001)
signale la découverte à 200 mètres du front
du glacier du Gorner d'un tronc daté de 8200 ans ±
20 ans, autre confirmation de l'existence passée d'une
période chaude. Les exemples abondent.
Nous sommes donc bien en présence ici de cycles glaciation-déglaciation-glaciation.
* Variations inter-millénaires ici, variations inter-séculaires là.
L'excellent photographe et topographe que fut le glaciologue Joseph Vallot (1854- 1925), spécialiste du Mont-Blanc, a laissé une multitude de clichés noir et blanc, des relevés topographiques et des cartes qui aident à l'identification des fluctuations glaciaires passées.
Regardez cette photographie du glacier des Bossons prise par Vallot en 1920 et documentée par lui. Elle est intéressante parce qu'elle résume les fluctuations du glacier sur quatre siècles. Vallot y a reporté les positions successives du front glaciaire en 1620, 1740, 1818, 1855, 1876 et 1920. À titre indicatif, la position du glacier en 1997 (lors de son plus grand recul) était proche de celle de 1740 et 1876. Dans le passé, à chaque recul le glacier a retrouvé de l'énergie pour retrouver son lustre d'antan. Qui peut imaginer que le recul des années 90, sur le même glacier des Bossons, soit l'indication d'un déclin inexorable ?
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